Le plus dur …
par drlebagage
Le plus dur dans le travail d’un droguéologue c’est souvent l’attente.
Il a rendez-vous à 10h mais elle sait que tout est possible. Peut-être viendra-t-il à l’heure. Peut-être seulement un peu en retard. Peut-être viendra-t-il demain ou bien jamais. Difficile de savoir. Même pour elle.
Pour tromper son impatience, elle recoud sa robe noire, noire comme son chapeau (pointu évidemment) et ses bottines.
Le noir est important. C’est la couleur attitrée des sorcières.
Et impossible de faire de la têtologie correcte sans la tenue de sorcière.
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Si elle exerce au CSAPA¹ en tant que têtologue spécialisée en droguéologie, elle reste avant tout une sorcière.
Sur sa plaque on peut lire :
Sorcière
Têtologue spécialisée en droguéologie
Membre Honoris Causa de l’Université Invisible
Mémé avait rajouté la dernière par coquetterie sans être bien sûre de ce que voulait dire « Honoris causa », enfin elle savait qu’elle causait et qu’elle était honorable. Dans la bouche de l’Archichancelier ce titre avait semblé flatteur.
En tout cas, mieux valait pour lui que ça le soit.
Parfois le plus dur pour une droguéologue c’est de sentir l’haleine alcoolisée d’un patient dès proton-minou (quoique cela puisse vouloir dire).
Il est venu finalement et à l’odeur il n’a pas seulement pris un verre mais tout le service à champagne qui va avec.
Elle lui fait remarquer avec la subtilité qui la caractérise qu’elle a l’impression qu’il a bu.
« Z’avez bu. »
Le patient, bon prince reconnaît qu’il a bu.
« Mais c’est parce que j’avais plus de café. »
Parfois, le plus dur pour une droguéologue c’est de ne pas éclater de rire. Heureusement, pour elle Mémé n’est pas du genre qu’on déride facilement.
« Expliquez moi ça, j’ai peur de pas comprendre »
« Ben, j’avais plus de café, j’ai oublié d’en racheter, alors j’allais pas partir le ventre vide. J’avais que de la bière. »
Parfois le plus dur pour une droguéologue c’est de se retenir de crier « Vous me prenez pour une grosse bille, ou quoi ? »
« Vous me prenez pour une grosse bille. »
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1. Centre de Sorcellerie Addictive Potentielle d’Ankh-Morpork : créé devant l’afflux massif de nouveaux arrivants dans la belle cité d’Ankh-morpork, auxquels les anciens habitants, plus au fait des lois du capitalisme revendaient des produits aux noms aussi exotiques que la dalle, la drague ou même la bière de nain.
Ahahah, c’est sympa ça du CSAPA sur le Disque-Monde ! On sent que le personnage de Mémé Ciredutemps va permettre de te libérer de toutes ces pulsions refoulées 😀
Have fun !
En flag 🙂
Bienvenue dans la blogosphère. Un très bon début. Longue vie à ton blog chère têtologue!
Merci t’es un zamour.
Haha ! La suite ! La suite !
Han pas merci. Maintenant je suis toute rouge.
Voilà un fort beau nouveau grimoire à rajouter sur l’étalage de l’apprenti sorcier que je suis 😉 Aux plaisir de dépoussiérer bientôt de nouvelles pages !
Dés que j’aurais déchiffré d’autres grimoires…
Han trop bien trop bien !
Et on aura des agents du Guet aussi ???
Pitetre. Si t’es sage.
Et des moines ?
Ohlala. J’ai des lecteurs exigeants. On verra mais tu sais ce que c’est la procrastination …
[…] Centre de Sorcellerie Addictologique Potentielle d’Ankh-Morpork. Faut suivre un […]
C’est juste génial !
Mais vous êtes trop gentil tous.
Quand je vais me prendre mon premier troll dans la face ça va faire mal !
🙂
Oh punaise !
Quel plaisir !!! Encore, plein ! 🙂
Merci 🙂
Ook !
Ook ook
A reblogué ceci sur Pomme au four… et au moulin and commented:
c’est tellement bien de voir que d’autres vivent la même chose!!
A n’importe qu’elle échelle je vois que l’on se pose les mêmes questions 🙂
Ha Ha Ha ! Délicieux. Et futurement instructif, je n’en doute pas.
Savez-vous que vous avez un peut-être très lointain cousin ? Pas du tout sorcier lui, et pas du tout têtologue (têtopathe sur les bords à la rigueur), mais tueur de dragons.
http://images.math.cnrs.fr/dans-la-steppe.html
Vu comme c’était jouissif à écrire, j’espère qu’il en est de même pour vous, et vous (nous) souhaite de passionnantes aventures partagées.
Note : mes raisons d’utiliser la métaphore dragonesque n’étaient pas les vôtres (secret médical), mais plutôt le caractère intrinsèquement incompréhensible de la chasse au dragon, hormis pour les quelques dizaines d’autres chasseurs spécialistes de la même espèce. Comment alors transmettre à tout lecteur cette histoire humaine qu’est tout de même une chasse ? Et je me suis aperçu que la métaphore peut libérer l’écriture et faire passer des choses inattendues.
Je suis amusé et enchanté de voir une métaphore cousine, dans un tout autre monde, au service du désir de communiquer. Et vous, c’est là pour durer. Au plaisir de vous lire.